aménagement du territoire, environnement

La co-génération au CHU de Mont-Godinne: une réunion rassurante mais peu enthousiasmante…

Une grosse vingtaine d’habitants et de mandataires avaient répondu présents à l’invitation lancée par la Commune d’Yvoir.  La réunion d’information de ce mardi 6 novembre au soir constituait le point de départ de la procédure administrative (longue) qui doit successivement conduire à l’élaboration d’une étude d’incidences par un bureau d’études indépendant, à une enquête publique, à un examen par le CWEDD et à une décision d’octroi ou non par la Région Wallonne d’un permis d’environnement au profit de la centrale de gazéification de la biomasse projetée par la société « Mont Godinne Green Energy » (MGGE).  Cette réunion a donc permis au bureau ARIES  de présenter au public les grandes étapes administratives de la procédure d’examen et d’octroi du permis d’environnement.  Le représentant de la société Mont Godinne Green Energy (MGGE), une filiale à 100% de la société Xylowatt, a ensuite présenté les caractéristiques techniques du projet.

Ces caractéristiques peuvent se résumer ainsi:

  • la société MGGE construit et exploite, sur le site du CHU (dans la zone boisée au Nord-Ouest de la route des urgences), un réacteur de gazéification de la biomasse.  Ce réacteur produit du gaz qui est vendu au CHU de Mont-Godinne et qui alimente un moteur produisant de l’électricité et de la chaleur.  Ce moteur est propriété du CHU et est déjà opérationnel.  Il tourne aujourd’hui sur du gaz naturel de distribution.  Le gaz de biomasse permettra de couvrir 50 % et 70 % des besoins respectifs de l’hôpital en électricité et en chaleur (pour ce qui excède ces valeurs, l’hôpital utilise le gaz naturel de distribution).
  • le réacteur de gazéification utilisera exclusivement comme combustible des plaquettes de bois provenant des déchets de l’industrie du bois wallonne.  On estime la consommation à 3500 tonnes de bois par an.  Ce bois est fourni « non-séché ».  Il est séché sur le site.  Le réacteur produit du gaz ainsi que des cendres et de l’eau.  Il n’y a en principe aucun dégagement de fumée durant le cycle de gazéification
  • la société MGGE assurera au moins un emploi journalier permanent sur le site
  • le projet permet au CHU de ne plus dépendre de l’évolution du prix des énergies fossiles
  • les risques environnementaux liés au projet semblent a priori bien identifiés
    • fuites de CO dans le local du réacteur de gazéification
    • risque d’incendie dû au stockage de quantité importante de bois et à son séchage
    • risques de pollution sonores dus au fonctionnement du réacteur
    • risques de pollution chimique au niveau des résidus du processus de gazéification (eaux chargées, cendres)
    • risques de pollution du gaz fourni (provoquée par des bois pollués)
    • risques dus au charroi supplémentaire généré par le transport de la biomasse (3 semi-remorques par semaine)

Les présentations ont été suivies par de nombreuses questions qui ont permis d’éclaircir certains des points que nous venons d’évoquer.  Il est acquis par exemple que le réacteur de gazéification ne sera pas utilisé pour l’incinération de déchets hospitaliers.  Malheureusement, d’autres points restent flous.

C’est le cas notamment pour la réduction des émissions de CO2 due à cette nouvelle technologie.  Les exploitants bénéficieront bien de certificats verts mais… on n’est toujours pas sûr que les KW produits sous cette forme génèrent moins de CO2 que ceux produits par des formes plus classiques de production d’électricité ou de chaleur !

C’est également le cas pour la question du prix du combustible de base.  Comment le prix des plaquettes de bois va-t-il évoluer dans le futur ?  N’y-a-t-il pas un risque d’augmentation des prix si la multiplication des projets de co-génération entraîne une augmentation forte de la demande ? Ce risque n’est-il pas d’autant plus grand que, à la différence des pellets, ce type de combustible ne bénéficie pas d’un marché global mais très local ?  Autant de questions restées sans réponses très claires.

L’assemblée n’a pas non plus pu se rendre compte clairement des avantages économiques du projet pour les deux partenaires.  En gros, « le projet est rentable sinon les banques n’auraient pas accepté de le financer »…

Les questions liées à la gestion des risques ne semblent pas non plus, à ce stade, avoir fait l’objet d’une étude très approfondie.  Si on peut considérer que les risques au lancement seront bien maîtrisés au travers des procédures de réception de l’installation, qu’en sera-t-il des contrôles en continu ?  Quel organisme assurera le suivi annuel (ou plus ?) des installations ?

En synthèse, nous nous réjouissons bien sûr du lancement d’un projet novateur et d’envergure d’énergie (plus) verte dans la commune d’Yvoir.  Nous regrettons toutefois le caractère peu convaincant de la démonstration en ce qui concerne la rentabilité économique et écologique de l’opération pour chacun des partenaires.  Par ailleurs, nous ne manquerons pas d’interpeller le bureau d’études chargé de l’étude d’incidence pour que les questions restées sans réponse à ce stade soient soigneusement étudiées dans le cadre de l’étude d’incidence.  Il est en effet bien préférable de régler ces questions dès ce stade-ci de la procédure sans attendre l’enquête publique qui portera sur un projet ficelé.

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