C’est un conseil communal animé qui a marqué la rentrée politique d’automne à Yvoir. Quelques sujets « délicats » ont en effet alimenté des débats nourris entre majorité et minorité. Chose étonnante pour qui se souvient des conseils de l’ère « Ovide Monin », on y a même noté quelques interventions intéressantes de conseillers de la majorité, non-membres du Collège…
Modification budgétaire n°2
Le conseil eut d’abord à se prononcer sur la 2e modification budgétaire de l’année 2015. Rappelons que ces modifications permettent, en cours d’année, d’adapter le budget communal en fonction de nouveaux éléments qui n’étaient pas connus au moment de l’élaboration du budget en fin d’année précédente. Nous avons relevé, parmi de nombreuses modifications plus « techniques », quelques points plus politiques:
- Nous n’avons malheureusement pas reçu de réponse quant à l’impact exact sur le budget 2015 du maintien à charge de la commune des emprunts (remboursements en capital et intérêts) réalisés en vue de la construction de l’Arsenal des Pompiers d’Yvoir. On parle tout de même ici d’un montant annuel de l’ordre de 200.000€;
- Un employé communal a récemment constaté que, depuis 5 ans au moins, il n’avait pas perçu les rémunérations auxquelles il avait droit. Cette situation a entraîné une modification budgétaire de 15.000€ à charge de la commune. Nous avons souhaité savoir a) s’il n’existait pas d’autres cas semblables au sein du personnel et b) quelles mesures étaient prises pour éviter la répétition de pareille situation. Ici non plus nous n’avons pas eu de réponse très convaincante;
- Nous avons une nouvelle fois abordé la question de la plaine de jeu du complexe sportif de Godinne. L’accès à la plaine a enfin été sécurisé mais malheureusement l’utilisation de la plupart des jeux reste très dangereuse par défaut d’entretien et de réparations. Nous avons demandé (en vain) qu’un montant raisonnable soit budgeté de manière à rendre à cette plaine de jeu son utilité et sa convivialité;
- Enfin, nous ne pouvions marquer notre accord sur les travaux prévus (30.000€) dans l’ancienne buvette de la balle-pelote de Durnal au profit de l’antenne de la Maison des Jeunes. Nous avons en effet rappelé a) qu’en juin 2013 un poste de 10.000€ avait été prévu, déjà au profit de la Maison des Jeunes, pour y réaliser des travaux de chauffage; b) que ces travaux n’ont pas eu lieu; c) que les jeunes ont finalement dû aménager eux-mêmes des locaux situés dans l’ancienne maison du maître d’école. En réponse à ces remarques, on nous explique que les travaux à l’école de Durnal obligent les jeunes à trouver un autre local (ce que nous avions prédit en 2013 déjà – voir notre article du 14 novembre 2013) mais qu’il n’est pas impossible qu’ils puissent récupérer ce local, à l’issue des travaux. En d’autres termes, la commune va dépenser 30.000€ (au lieu des 10.000€ prévus en 2013) pour ouvrir un local deux après-midi par semaine pendant maximum un an et ce pour un nombre de jeunes que nous tentons en vain de connaître depuis plusieurs années ! C’est une gestion des finances communales que nous ne pouvons pas accepter.
Au final, nous nous sommes abstenus sur les modifications au budget ordinaire (dépenses de fonctionnement) et nous avons refusé les modifications à l’extraordinaire (investissements).
Les subsides aux associations d’Yvoir
La question de l’octroi des subsides aux associations a une nouvelle fois donné lieu à quelques échanges vifs. Nous plaidons en effet depuis longtemps pour le respect de critères les plus équitables possible dans cette matière. Pourquoi ne pas octroyer un même montant aux associations humanitaires (sauf justification tout à fait spécifique) ? Nous avons aussi regretté le trop faible montant des subsides octroyés aux associations de jeunes de la commune qui font pourtant un travail permanent de grande qualité auprès de plusieurs centaines de jeunes (80€ par an pour les Patros et les Scouts). Nous avons aussi attiré l’attention sur les subsides aux clubs sportifs et, en particulier, aux clubs de foot. La justification des montants octroyés (1500€ pour chacun des deux clubs) nous semble discutable. Enfin, nous avons souligné le fait que les montants des subsides se renouvellent depuis de très nombreuses années sans qu’aucune indexation des montants ne soit appliquée. Nous nous sommes donc abstenus sur ce point.
Le financement de la zone de secours DinaPhi
Lors du Conseil communal du mois d’août (voir l’article sur ce même site), nous avions regretté le montage financier relatif à la dotation provinciale à la zone de secours DinaPhi et nous nous étions abstenus. Nous nous sommes donc réjouis ce 28 septembre que Province et zone de secours aient changé leur fusil d’épaule et que, désormais, la dotation provinciale à la zone soit versée directement à la zone sans plus transiter par les communes. Une simplification que nous avions réclamée, il y a un mois, et que nous avons donc votée.
Modification du Plan de secteur en vue d’une extension des carrières
Le plat de résistance de ce conseil fut la remise d’un avis par le conseil communal relatif à une demande de modification de plan de secteur en vue d’une extension des zones d’extraction (carrières) sur Yvoir. La procédure, introduite par la SA Société Grès d’Yvoir, a démarré par une réunion d’information des habitants le 1er septembre 2015. De nombreuses remarques ont été formulées à cette occasion tant verbalement pendant la réunion que, par écrit, à l’issue de celle-ci. L’avis que doit rendre le conseil communal en constitue la deuxième étape. Cette dernière sera suivie d’un très grand nombre d’autres actes qui vont s’étaler sur une période d’au moins deux ans avant que l’extension de la carrière soit effective (études d’incidence, enquête publique, décision du gouvernement, procédure de permis d’exploitation, etc.). Le premier acte auquel le conseil était invité à participer est important dans la mesure où il détermine d’une certaine manière l’esprit et la philosophie dans lesquels la commune va gérer ce dossier au cours de cette longue procédure.
Nous avons été très étonnés de constater, en fin de semaine passée, que le dossier de préparation du conseil ne contenait aucun projet de délibération (d’avis donc…) sur le sujet. Notons que ceci est en contravention avec le règlement d’ordre intérieur du conseil communal (article 20). Nous avions dès lors pris l’initiative de rédiger un projet de délibération que nous avons communiqué le 27 septembre à tous les membres du conseil (ce projet de délibération est disponible au téléchargement ici-même).
Notre position dans ce dossier est claire:
- Nous soutenons le maintien et le développement de l’industrie extractive sur le territoire de l’entité d’Yvoir dans la mesure où ceux-ci peuvent se faire de manière respectueuse de son environnement humain et naturel;
- En particulier, nous souhaitons que la SA Société Grès d’Yvoir -dont le sérieux et la correction sont reconnus- puisse poursuivre ses activités et continuer à générer de l’emploi sur la commune;
- Néanmoins, nous estimons que le développement des carrières à Yvoir (autour des rues du Blacet et du Redeau) doit tenir compte du fait que, depuis une cinquantaine d’année, de nombreux nouveaux noyaux d’habitat ont vu le jour à une distance de 500 mètres ou moins des zones d’extraction. De plus, le secteur concerné « subit » l’activité de 3 (voire 4) carrières différentes très actives dans un même rayon restreint. Il est donc indispensable d’examiner la présente demande à la lumière de ce cumul d’activités extractives dans un même secteur;
- Le dossier de demande préalable introduit par la SA Société Grès d’Yvoir ne répondant pas ou de manière incomplète à ces diverses préoccupations, nous préconisions de remettre sur ce dossier un avis négatif, en précisant de manière précise les points qui devaient faire l’objet de clarifications ou de mesures complémentaires: a) de nouvelles compensations doivent être obtenues (zones d’extraction à faire passer en zones forestières et protection de ces zones) b) un cadastre complet des activités « carrières » de la basse vallée du Bocq doit être réalisé afin de mesurer les nuisances cumulées des diverses exploitations et afin de détecter aussi et de corriger d’éventuelles infractions dans les exploitations actuelles c) la question de la mobilité doit être prise en compte de manière approfondie (quelles mesures prendre pour améliorer la sécurité routière, évaluation de l’impact du charroi sur l’état des routes, etc.) d) les mesures de nuisances (bruits, poussières, vibrations) doivent être réalisées (et simulées pour les activités futures) dans tous les noyaux d’habitat proche (Launois, Lairbois, Jauviat, Gayolle, Redeau-Blacet,…) e) en fonction de ces analyses, des mesures de protection complémentaires doivent être envisagées (largeur des tampons forestiers conservés)
Finalement, ce lundi 28 septembre, à 16H20, le Collège a fait également parvenir aux conseillers son propre projet d’avis. Il s’agissait cette fois d’un avis favorable mais assorti de plusieurs conditions. Plusieurs des conditions énoncées, basées sur les réactions des habitants, se retrouvaient bien sûr dans les deux projets de délibération. Nous n’avons pas partagé le sentiment de la majorité qu’un avais positif assorti de conditions soit « plus efficace » pour défendre les intérêts de la commune et de ses habitants qu’un avis négatif assorti de conditions d’ouverture. Nous pensons en effet qu’il convient d’exprimer clairement le fait que, dans l’état actuel, le dossier n’est pas satisfaisant. Cette différence de perception a conduit à un vote « majorité » contre « minorité » de l’avis proposé par le Collège. Ceci n’enlève rien au fait que nous avons apprécioé la volonté du Collège de prendre en compte les remarques des riverains ainsi que certains aspects mis en lumière par notre projet d’avis. Nous pensons néanmoins que la « stratégie de l’avis favorable » dès le départ de la procédure n’est pas la meilleure pour négocier un maximum de compensations et de protections pour les riverains et pour l’environnement.
Création d’une nouvelle (petite) voirie communale
La remise en exploitation touristique de la ligne de chemin de fer du Bocq entre Purnode-station et l’entrée de Bauche pose, depuis plusieurs mois, un problème pour les nombreux randonneurs qui parcourent la vallée du Bocq entre ces deux points. En effet, l’assiette de l’ancienne voie ferrée constituait une alternative « publique » intéressante pour éviter d’emprunter le chemin et le sentier forestier qui longent ici le Bocq et dont certains tronçons sont privés. En dépit de ce statut, ce chemin est néanmoins emprunté depuis de très nombreuses années par quantités d’usagers doux. Pour régulariser cette situation, et fort du nouveau décret wallon sur la voirie, nous avons proposé au Collège -qui a accepté- de mettre en branle la procédure prévue dans ce décret afin de donner aux dits chemin et sentier le statut de (petite) voirie communale. Ce statut permettra dans le futur de tracer un itinéraire balisé entre Bauche et Purnode, de répondre à la demande création d’un tronçon de GR par l’ASBL Sentiers de Grande Randonnée, d’offrir un itinéraire pédestre touristique intéressant, officiel et sûr pour les utilisateurs du Chemin de Fer du Bocq mais aussi de mieux garantir la limitation du trafic sur cette nouvelle voirie au charroi agricole ou forestier et aux usagers doux exclusivement.
Le point a été adopté à l’unanimité.
Motion relative à la suppression des permanences organisées à Yvoir par l’Office National des Pensions
Le conseil communal a voté à l’unanimité une motion demandant au Ministre en charge de revenir sur sa décision de suppression des permanences « pensions » organisées à Yvoir.
Point introduit par le groupe La Relève: état des voiries régionales sur l’entité d’Yvoir
Notre groupe a relevé une petite dizaine de problèmes graves de sécurité sur des voiries régionales (gérées et entretenues par le Service des Routes de la Région wallonne). Ces problèmes vont de l’absence de passage pour piétons (exemples: au passage à niveau d’Yvoir, sur la route d’Evrehailles à la sortie d’Yvoir, rue du Pont…) à des carences en terme d’entretien (revêtements de la corniche à Godinne, des entrées d’autoroute à Spontin,…) en passant par une inertie certaine quant à la mise en place d’une zone 30 aux alentours de l’Académie de Musique de Godinne etc.
Face à cette situation, nous avons demandé que la commune mette une pression maximale sur les responsables des services concernés afin d’accélérer la résolution des problèmes dont certains sont vieux de plusieurs années. Dans la foulée, nous avons aussi proposé la pose de « gabarits » aux entrées du tunnel sous voies ferrées d’Yvoir (sur-Champt) afin d’éviter les multiples accidents dus à la hauteur trop importante de certains véhicules. Nous suivrons bien sûr ces divers dossiers de sécurité routière.
Point introduit par le groupe La Relève: situation des sources de Spontin
Nous avons une nouvelle fois soulevé la question de l’état déplorable dans lequel se trouve l’entièreté du site des Sources de Spontin: dépotoir géant, nouvelle conciergerie inachevée, locaux dangereux accessibles au public, etc. Nous demandons dès lors à la commune de prendre toutes les mesures nécessaires (mise en demeure du propriétaire, sécurisation et assainissement des lieux à charge du propriétaire, etc.) afin de faire cesser cette situation inadmissible.
Point d’actualité soulevé par le groupe La Relève: organisation d’un (très) grand mariage à Yvoir le samedi 19 septembre 2015
Cette interpellation nous a permis d’apprendre que, en dehors des prestations de la police, l’organisation de ce mariage n’avait rien coûté à la commune d’Yvoir mais qu’elle n’avait reçu non plus aucune compensation réelle. Un dégât collatéral de cette organisation fut aussi le déplacement imposé à la brocante d’Yvoir.
Ce long conseil, riche en débats, se clôtura à presque 23H et fut encore suivi, pour les chefs de file de la majorité et de la minorité par une série d’interviews réalisés pour MaTélé… A voir dans les émissions programmées par la chaîne de TV locale à l’occasion de la mi-législature: les prochaines élections communales, c’est (déjà) dans trois ans !