La pièce de consistance du dernier conseil communal de 2016 fut, comme le veut la tradition, la discussion des budgets pour l’année 2017: budget du CPAS et de la commune elle-même. (Longue) discussion il y eut mais point de surprise… l’analyse et la discussion du budget 2017 confortent les analyses que notre groupe formule depuis plusieurs années déjà. Voyons cela en détails.
Après de longues années de sous-investissement dans les infrastructures communales (l’époque de Ovide Monin), nous avons vu le lancement quasi simultané de quelques grands chantiers comme l’Arsenal des Pompiers, le nouvel atelier communal et la réhabilitation de la Vieille Ferme de Godinne. Sans surprise, ces projets qui ne sont que partiellement subsidiés pompent sur le fond de réserve de la commune qui, au terme de l’exercice 2017, se situera à son plus bas niveau depuis 10 ans (moins de 1 million d’euros si l’on ne tient pas compte de la vente hypothétique d’un bien communal). De plus, les projets évoqués conduisent aussi la commune à recourir à l’emprunt. Sur une année, la charge de remboursement des emprunts (intérêt et capital) a donc augmenté de plus de 40% pour atteindre près de 10% des dépenses totales du budget ordinaire de la commune. Cette évolution va se poursuivre dans les prochaines années: les emprunts souscrits sont pour la plupart des emprunts à long terme et, surtout, la mise en exécution des projets du Plan Communal de Développement Rural (cheminement du CHU à Mont, centre de Purnode, maison de village,…) va également imposer à la commune la conclusion de nouveaux emprunts et donc un nouveau cumul de charges de remboursement pour de longues années. Nous percevons déjà la pression de ces charges sur le budget ordinaire: il devient plus difficile de garder ce dernier en équilibre. A titre d’exemple, le budget ordinaire 2017 présente péniblement un boni proche de .. 0€… Il est plus que probable que présenter un budget en équilibre en 2018 et au-delà sera bien plus difficile encore vu l’évolution de la charge des emprunts (et, bien sûr, compte tenu d’autres éléments qui ne facilitent pas non plus la vie financière des communes…). Tout ceci entraînera la nécessité de sabrer dans des dépenses de fonctionnement dont beaucoup sont déjà aujourd’hui très compressées… ou de puiser dans les réserves communales. C’est le bien connu effet « boule de neige » de toute dette…
Pour faire face efficacement à cette évolution, nous plaidons régulièrement pour obtenir une vision plus prospective des finances communales: évolution attendue du personnel (besoins futurs, départs, recrutement,…), évolution attendue de la charge de la dette sur les 5 à 10 ans à venir, évolution des recettes fiscales… Si nous avons salué l’effort du bourgmestre de présenter de manière un peu plus moderne les grandes lignes du budget communal, nous sommes restés totalement sur notre faim quant à la présentation d’un vrai tableau de bord qui permettrait à la commune d’orienter plus efficacement ses actions.
Compte tenu des risques financiers évoqués ci-dessus, nous avons étudié et analysé le budget et les projets présentés par le Collège de manière approfondie. Chaque projet devrait faire l’objet d’une analyse coût / bénéfice particulièrement rigoureuse: coût du projet, part subsidiable, impact financier sur les réserves de la commune, sur la dette, impact sur les frais de fonctionnement futurs (en ce compris la charge des emprunts et les charges salariales éventuelles); bénéfices attendus en terme de services aux citoyens, en terme d’économies de fonctionnement, voire en terme de recettes nouvelles (mise en location, etc.)…
- Au crible de cette analyse, nous nous interrogeons sur les priorités du budget 2017 et/ou l’approche de certains des projets qui y sont repris:le Collège poursuit une politique de « bricolage » quant à l’indispensable rénovation de la maison communale d’Yvoir: 130.000€ qui ne vont en rien résoudre les problèmes fondamentaux (manque de place, locaux peu fonctionnels, accueil « compliqué » des citoyens, isolation des bâtiments, etc.). Nous défendons depuis plusieurs années une étude complète et sérieuse des besoins de l’administration et des possibilités offertes par l’ancien arsenal des pompiers contigu à la maison communale
- divers travaux de voirie prévus en 2017 pèchent encore par un manque d’attention pour les piétons ou les vélos. Par exemple: les travaux prévus rue d’Evrehailles à Yvoir (route régionale vers Spontin) prévoient bien la réfection de certains trottoirs mais ne répondent pas aux besoins des cyclistes tels que décrits dans l’un de projets du PCDR; de même, sur la liaison Godinne-Mont, par la rue de Mont, on se contente de refaire le revêtement à hauteur de la Pichelotte, sans résoudre le problème du cheminement des piétons depuis le rond-point du Spar…
- le Collège prévoit un nouveau subside de 80.000€ pour le Syndicat d’Initiative d’Yvoir en vue de poursuivre des travaux sur l’île d’Yvoir. Ce subside communal devrait compléter un subside de 120.000€ du Commissariat Général au Tourisme. Si nous additionnons l’argent public investi sur l’île d’Yvoir ces dernières années, nous atteignons un montant de l’ordre de près d’un demi-million d’euros. Nous nous interrogeons vraiment sur l’opportunité de telles dépenses au profit d’un site en aléas d’inondation hyper-élevé et dont les retombées profitent quasi-exclusivement à un opérateur privé (le concessionnaire de l’île). Le rapport coût/bénéfice dont nous parlions ci-dessus ne nous paraît vraiment pas optimal…
- le Collège confirme sa volonté de mettre en oeuvre rapidement le projet de maison de village à Mont (études budgétées en 2017 à hauteur de 200.000€). On se souviendra qu’une version XXL de ce projet avait été présentée en début d’année dans le cadre d’un appel à projet européen. Ce projet n’ayant pas été retenu, force est de revoir ses ambitions à la baisse. Un maison de village à 2.000.000€ nous semble cependant encore et toujours déraisonnable. Nous plaidons donc pour re-dimensionner le projet et en diminuer la charge financière (investissement mais aussi fonctionnement) pour la commune.
- la saga du sport à Yvoir se poursuit… Après des années d’inaction et de non-investissement (voir l’état des installations sportives), nous enregistrons depuis quelques années beaucoup de fébrilité à ce sujet. Fébrilité et inaction: achat d’un vaste terrain (en zone agricole) à Evrehailles en vue d’y construire LE centre sportif du 21e siècle, abandon de ce projet par manque de moyens financiers (mais le terrain est toujours là…), recherche d’un partenariat avec le Collège de Godinne, abandon de cette piste (pour des raisons philosophico-idéologique ?), bricolage pour remettre en état les deux terrains de tennis sinistrés de Godinne… et maintenant un nouveau projet (XS celui-ci…) de « complexe sportif » à Godinne tout en maintenant le « bricolage » des terrains de tennis. Perte de temps (et donc d’argent), gaspillage d’argent (le « bricolage »), concentration de tous les services sur Godinne (au détriment des villages « du dessus », oubliés dans l’opération…): cela fait beaucoup d’éléments négatifs pour un seul projet !
Au niveau du budget « ordinaire » (celui concerne les dépenses courantes annuelles), on ne peut que regretter un budget « copié-collé » des années précédentes, sans prise en compte de certaines réalités communales ou sans grande créativité. A titre d’exemples:
- plusieurs services administratifs de la commune connaissent une situation tendue en matière de personnel mais nous ne constatons aucune tentative d’amélioration à ce niveau (alors que cela a bien été fait -heureusement- pour le secteur des travaux)
- l’installation de la bibliothèque, de la ludothèque et de l’EPN dans les magnifiques bâtiments réhabilités de la Vieille ferme à Godinne ne s’accompagne d’aucune réflexion quant à une politique d’accessibilité de la bibliothèque (horaires) et à d’éventuels besoins nouveaux
- la même réflexion vaut aussi, dans une certaine mesure, pour le Musée de la Haute-Meuse Préhistorique à Godinne
- aux rayons des recettes, nous avons regretté que le Collège n’ait pas répondu favorablement à l’appel de la Région wallonne de suspendre la taxe communale de répartition sur les carrières (au titre de compensation pour la taxe kilométrique qui touche fortement le secteur). L’avantage de cette mesure était que la commune pouvait alléger de 75.000€ les charges du secteur carrier sur Yvoir tout en bénéficiant d’un subside compensatoire de la Région d’un même montant. En d’autres mots: une mesure gagnant-gagnant pour Yvoir et les carrières. Difficile après cela de dire que la commune fait tout ce qui est possible pour soutenir l’économie à Yvoir…
Il va sans dire que le budget communal 2017 a finalement été approuvé majorité contre minorité…
Outre ce point qui a donc fait l’objet de longs échanges, l’ordre du jour comptait quelques points plutôt techniques (convention de location ou de mise à disposition de biens communaux divers) dont certains avaient d’ailleurs été abordés dans le cadre de la discussion budgétaire.
Notre groupe a néanmoins encore posé, en fin de conseil, une question d’actualité en relation avec la situation au sein de la zone de secours DINAPHI. En effet, suite au conseil de zone DINAPHI qui s’est tenu le 7 décembre, l’existence d’un projet de rattachement des communes d’Yvoir et de Anhée à la zone de Namur (NAGE) plutôt qu’à DINAPHI a été publiquement évoquée par certains mandataires politiques. Nous étions déjà au courant de manière informelle de cette réflexion. Les motivations en étaient à la fois fonctionnelles, financières et humaines. Le Conseil de zone de DINAPHI du 7 décembre a apporté un certain nombre d’éclaircissements par rapport aux soucis de la commune d’Yvoir: installation d’une ambulance à Yvoir (avec garde 12H en semaine et 24H le week-end), reprise des charges des emprunts liés à la construction de l’Arsenal, nouveau centre d’appel unique pour la province, etc. Nous souhaitions donc savoir si la piste (intéressante sous certains aspects mais complexe à mettre en oeuvre) du rattachement à NAGE « vivait » encore de manière officieuse (puisque rien d’officiel dans toutes ces « démarches ») ou pas. Le Bourgmestre, représentant la commune au sein du Conseil de zone, a refusé de répondre à la question… arguant que les pompiers (d’Yvoir) devaient d’abord se rendre compte de la manière dont les choses allaient se passer sur le terrain et que la décision finale, en quelque sorte, leur reviendrait. Belle réponse politicienne et démagogique à laquelle nous ne pouvons pas adhérer car nous sommes convaincus qu’elle ne contribuera nullement à ramener la sérénité et la clarté au sein du poste d’Yvoir.