
Le conseil communal de ce mardi 22 octobre s’annonçait plutôt bien: un ordre du jour plutôt court et quelques points importants sur lesquels un consensus pouvait être réalisé. Les choses ne se sont malheureusement pas déroulées de la manière attendue…
Le premier point concernait la présentation par Anne-Pascale Leboutte, assistante sociale à la commune, (et la ratification par le conseil) du Plan de Cohésion Sociale (PCS) d’Yvoir. L’introduction de ce plan auprès de la Direction Interdépartementale de la Cohésion Sociale de la Région wallonne doit permettre à Yvoir d’obtenir les subsides lui permettant de mettre en oeuvre son PCS. Le document d’une centaine de pages constitue un travail remarquable qui synthétise les attentes et les besoins en matière d’accompagnement social à Yvoir, tels qu’ils sont perçus par la quasi-totalité des acteurs de terrains: commune, CPAS, aides-familiales, FOREM, aides-familiales, associations d’aide aux plus démunis, etc.
Sur base de cette analyse de terrain, les mêmes acteurs proposent un PCS pour Yvoir autour de 6 actions:
- mise en place d’une structure de coordination des acteurs de terrain,
- «blog réseau – agir pour demain» (travail de ré-insertion sur le long terme au travers d’ateliers),
- «Papy-Mamy surfeurs» (travail d’enrichissement inter-générationnel rassemblant 10 jeunes et 10 seniors)
- «Conseil communal des enfants»
- Mise en place d’un comité culturel à la Gayolle (lutte contre l’isolement, animations)
- Ateliers informatiques pour enfants précarisés
Notre groupe a tout d’abord félicité Anne-Pascale (et à travers elle les divers acteurs de terrain) pour l’excellent travail réalisé. Nous avons également formulé quelques questions ou suggestions pour compléter ou développer certaines des actions proposées. En matière de travail de ré-insertion à long terme, Jean-Pol Visée a évoqué la possibilité de mettre à disposition un local d’accueil permanent offrant informations, convivialité, contacts, activités. On pense par exemple à des concepts de «bar à soupe». De son côté, Chantal Eloin-Goetghebuer a développé quelques pistes en matière d’accompagnement et de garde d’enfants pour les familles précarisées. Des lieux existent et pourraient être mis à disposition d’accueillantes afin d’augmenter l’offre de service dans ce domaine. Notre groupe a également souligné l’importance de la lutte contre toutes les assuétudes (drogues mais aussi alcool ou tabac) auprès des jeunes. Des collaborations avec les travailleurs de la Maison des Jeunes sont indispensables. Elles auraient pu être mieux mises en avant dans le cadre du PCS.
A l’issue d’une petite dizaine de minutes d’échanges courtois et positifs sur cette matière, Monsieur le Bourgmestre nous pressait déjà de passer au vote, laissant même échapper que le sens de notre vote ne lui faisait ni chaud ni froid… Par respect pour la qualité du travail et conscient de l’importance du PCS pour la commune et ses habitants les plus précarisés, nous avons approuvé sans réserve le point.
Dès le deuxième point les choses malheureusement dégénérèrent… Ce point concernait le Plan d’Ancrage Communal 2014-2016. Ce plan reprend tous les projets de créations de logements publics pour les prochaines trois années. On sait que Yvoir (comme beaucoup de communes wallonnes) ne dispose pas d’un nombre suffisant de logements publics. Outre la menace de sanctions financières de la part de la Région wallonne, la situation du marché immobilier dans notre région (prix relativement élevé et marché locatif limité) nous impose de nous attaquer de façon résolue à ce problème. Le Collège a, cette année présenté, un plan d’ancrage de qualité, que ce soit en terme de nombre de nouveaux logements prévus (21), de localisation (le plus proche possible des noyaux d’habitat de Yvoir et de Spontin), de critères économiques et énergétiques (une majorité de constructions neuves répondant aux meilleures normes énergétiques), etc. Nous avions néanmoins, ici encore, quelques questions et/ou suggestions. Nous avons tenté de les formuler, après avoir clairement précisé que nous soutiendrions le plan…
Mal nous en a pris… Nous voulions évoquer les points suivants:
- Un projet de logements sociaux rue du Moulin à Yvoir, prévu dans un précédent plan d’ancrage, a été abandonné par le Collège, sous la pression des riverains. Nous espérons que le même sort n’attendra pas les projets du plan d’ancrage 2014-2016. Le Collège doit aussi expliquer et défendre ses projets de logements sociaux
- Le projet de création d’un logement social dans l’ancienne gendarmerie (rue du Maka) ne va-t-il pas à l’encontre des motivations avancées par la commune en vue d’obtenir l’expropriation du bâtiment pour un prix de 200.000€ ? La justification de l’utilité publique ne portait en effet que sur la création d’une maison de l’enfance.
- La rénovation d’une maison de Houx appartenant à la commune nous posait question dans la mesure où une alternative aurait pu être de vendre ce bien et de remplacer ce logement public par une nouvelle construction sur le site de la Haie-Collaux, par exemple. Cette solution est en effet souvent plus économique et plus efficace
- Nous avions également une question comparable concernant l’aménagement d’un logement social à l’étage de l’ancien presbytère de Godinne.
Hélas, dès le troisième de ces points, le bourgmestre nous asséna que nous parlions pour nous entendre parler et que tout ceci n’avait aucun intérêt… Une extraordinaire leçon de démocratie au conseil communal d’Yvoir !
L’envie de quitter la séance nous a effleurés. Nous ne l’avons pas fait par respect pour les citoyens, pour le public présent et aussi pour les autres membres du conseil communal. Par contre, nous avons montré que nous avions bien compris la leçon du professeur Monin. Nous étions là pour voter: oui ou non ! C’est donc ce que nous avons fait pour le reste des points de ce conseil communal. Pour certains points, nous avions des questions ou nous ne comprenions pas certaines logiques. Dans ces cas, nous avons rejeté la proposition du Collège:
Nous aurions souhaité mieux comprendre l’intérêt de la commune à subsidier une ASBL fondée en vue de développer des logiciels pour les «Espaces Numériques Publics». Il n’était pas facile non plus de savoir si d’autres communes wallonnes contribuaient au financement. De plus, nous aurions aimé voir dans ce dossier l’avis de la Directrice Financière de la Commune (ex-Receveuse Communale)
Le Règlement d’Ordre Intérieur (ROI) de la nouvelle commission communale consultative des sports était, à notre avis, mal rédigé. A titre d’exemple, il nous paraissait inopportun, dans un tel règlement, de préciser le mode de répartition des sièges «politiques». Une telle rédaction impose en effet de revoir totalement le ROI à l’issue de chaque élection communale. Une telle pratique ne se rencontre dans aucun autre ROI de la commune…
Nous avons approuvé les autres points à l’ordre du jour. Une nouvelle formulation de la taxe sur les déchets a ainsi été approuvée. A quantité de déchets comparable, la taxe sera quasiment identique à la taxe actuelle et la formulation, plus claire, met mieux en évidence le prix réel des services «gratuits» offerts au citoyen, comme les parcs à conteneurs et les ramassages sélectifs. De plus, suite aux remarques de notre groupe en 2012, une légère amélioration a été introduite au profit des familles nombreuses.
Nous avons également approuvé un avenant de plus de 80.000€ (taxes comprises) pour permettre de finaliser avant l’hiver les travaux de la rue d’En-Haut à Dorinne. Nous restons néanmoins avec un goût amer en bouche face à ces travaux dont la gestion a été chaotique. Il est en effet probable qu’en bout de course, plusieurs dizaines de milliers d’euros auront été gaspillés dans ce projet par manque d’une approche globale du problème dès le début.
Notre groupe avait aussi introduit quelques questions écrites supplémentaires. Ici aussi, nous nous sommes contentés d’écouter les réponses données. Nous avons donc appris que les travaux à l’école maternelle libre d’Evrehailles (dépendant du Pouvoir Organisateur -PO- libre d’Yvoir) pourrait commencer en 2014 et que tout se passait comme prévu. Nous aurions voulu revenir sur le montage complexe prévu dans ce dossier (voir les détails dans notre compte-rendu du conseil communal du 12 novembre 2012). Il apparaît en effet maintenant que l’intervention de la commune dans les travaux d’aménagement (146.000€) sera en fait un subside au PO. Cette manière de faire entraînera pour la commune une perte de contrôle sur les travaux réalisés alors que les aléas financiers futurs resteront pleinement à sa charge. Nous nous interrogeons également sur les conséquences potentielles de la fusion des PO d’Yvoir et de Neffe sur le montage de l’opération.
Enfin, nous avons soulevé un point supplémentaire d’actualité. Le conseil communal du mois de juin 2013 avait en effet approuvé une convention d’occupation de l’ancienne maison communale par une ASBL en formation à Dorinne. Le maintien de l’occupation était conditionné par la mise en place d’une nouvelle ASBL et la signature d’une convention d’occupation, réglant notamment la question des factures d’électricité impayées. Nous avions très récemment appris que les jeunes de Dorinne, en dépit de ce montage, avaient été expulsés des bâtiments qu’ils occupaient. Bertrand Custinne a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’expulsion mais bien une mise en demeure de fournir les documents demandés (statuts, convention signée) avec, à défaut, interdiction pour les jeunes d’utiliser les locaux. Nous vérifierons bien sûr de près ce point et continuerons à suivre ce dossier.
En guise de conclusion, nous voulons souligner que les questions ou suggestions que nous formulons démontrent:
- Notre travail de fond sur les dossiers présentés par le Collège
- Notre volonté de collaborer de façon constructive à la bonne marche de la commune
- Notre volonté, dans un contexte financier difficile, d’éviter à la commune des dérapages budgétaires provoqués par une mauvaise préparation des dossiers
Certain(s?) ne l’entendent visiblement pas de cette oreille et ne veulent entendre qu’une voix au sein du conseil communal. Nous ne comprenons pas cette attitude et ne savons pas comment l’expliquer. Avec Louis Aragon, nous ne pouvons que nous interroger:
«La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent»